vendredi 14 août 2009

Devrons-nous choisir entre financer le SIDA, la tuberculose ou… la grippe A (H1N1) ?

Conspués par des militants associatifs, les politiques interpellés à l’occasion du congrès de l’IAS au Cap n’en ont sans doute pas éprouvé grand dommage. Ces manifestations étaient singulières cependant, en ce qu’elles ont été activement relayées… par les congressistes eux-mêmes ! Les propos ont été plus mesurés, mais pas moins vigoureux.

Michel Kazatchkine par exemple, dit son désarroi devant les difficultés qui attendent le Fonds mondial à partir de 2011. « Il nous faut trouver des dizaines de milliards de dollars, et non les milliers de milliards mobilisés contre la crise économique », confiait son directeur exécutif durant une réunion. « Or le G8 n’a rien débloqué pour le SIDA, la tuberculose ou le paludisme ; rien pour les vaccinations ou la politique mère-enfant ».

La pandémie A/H1N1 est évidemment un redoutable concurrent dans la course aux financements… Michel Kazatchkine est inquiet « de voir à nouveau le fossé se creuser entre Nord et Sud. La science progresse, les techniques diagnostiques progressent, les besoins s’accroissent »… et les financements ne suivent pas.

« Il faudrait multiplier (ces derniers) par trois au minimum dans les deux ans qui viennent, pour tenir les objectifs et éviter que la tuberculose ne prenne des proportions incontrôlables » renchérit le Marseillais Jean-Claude Moatti. Ce spécialiste des sciences économiques et sociales de la Santé enfonce le clou : « Le gouvernement américain a dépensé 150 milliards de dollars pour sauver AIG. Avec le tiers de ce qui a déjà été dépensé pour gérer la crise dans le Nord, on aurait de quoi multiplier par dix l’ensemble des budgets de la Santé jusqu’en 2015… » L’équation bien sûr, ne se pose pas dans ces termes. Pas vraiment.

Mais comment donner tort à ce chercheur lorsqu’il explique sa déception. « Pour une fois qu’on enregistre des progrès significatifs en santé publique, il est dommage que les politiques au plus haut niveau sacrifient aux effets de mode. Tous les dirigeants de l’IAS ont expliqué que le dernier Sommet du G8 était un scandale. Ce ne sont pourtant pas des gauchistes, mais il est choquant que le mot SIDA ne figure même pas dans le communiqué final ! »
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Source : de nos envoyés spéciaux à la 5ème conférence de l’IAS, Le Cap, 19-22 juillet 2009 ; Pr Michel Kazatchkine, 21 juillet 2009 ; Pr Jean-Claude Moatti, 22 juillet 2009.
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