jeudi 10 juillet 2008

A propos de l'AIDE

Et si enfin un gouvernement avait le courage de refuser le chantage et la surenchère des soit-disant "aides" à un continent qui se condamne lui même par accumulation de la négligence collective criminelle des populations face à une prévention simplissime et pratiquement gratuite et au détournement systématique des énormes sommes versées au titre de l'aide permanente depuis des années...
L'africain est capable du meilleur comme du pire.
Le meilleur ne sera accompli que par lui même, devant sa propre responsabilité, sans rampe, sans tuteur, sans aide, sans fonds n'attendant que d'être détournés.
C'est peut-être enfin le début d'une vraie prise de conscience qui mènera à la réussite.

On fait la promotion de l'imprégnation des moustiquaires alors que pratiquement plus aucune moustiquaire n'est ni disponible ni utilisée nulle part et surtout pas à l'hôpital...

Comment expliquer qu'une boîte de préservatif, disponible partout pour un montant inférieur à celui d'une simple bouteille de bière se périme sur les rayons des officines, dispensaires, échoppes, étals des multiples revendeurs le long de toutes les rues, des routes et des chemins de terre alors que tous les soirs les bars débordent de clients, jeunes et vieux, tous directement concernés par le fléau, alignant les bières au comptoir dans l'allégresse et l'insouciance générale ?

Comment expliquer que les innombrables revendeurs et surtout revendeuses du long des rues et des routes vendent plus de 20 cartes de communications pour téléphones portables pour une seule boîte de préservatif, alors que la carte de tel la moins chère est 5 à 10 fois plus chère qu'une boîte de préservatif ?

On refuse d'acheter un simple préservatif mais on exige de la recherche sur un hypothétique vaccin.
On oblige les Laboratoires à financer les antimalariques à très bas coût mais on refuse de placer une simple moustiquaire sur le lit des enfants...

Le comportement général des individus entretien généreusement partout le développement de la pandémie.
C'est un constat d'échec total de la stratégie de communication menée à grands frais par les gouvernements et les ONG.
Des moyens énormes, des sommes inconnues jusqu'alors ont été déployées pour une stratégie de communication incapable de convaincre les individus qui se sentent de moins en moins concernés.
Le succès ne dépend pas des seuls moyens mais uniquement de leur utilisation rationnelle.

Aucun cours d'éducation sexuelle digne de ce nom, c'est à dire convaincant et marquant définitivement l'esprit des collégiens, lycéens et étudiants n'a encore été reçu de la tranche d'âge des 14 - 25 ans, la cible privilégiée.
Toutes les tentatives menées avec des moyens dérisoires se sont soldées par des concerts de ricanements entendus de l'auditoire, il ne faut choquer ni la religion, quelle quelle soit, ni les parents, ni les notables, bon vent à la pandémie...

A quoi servent donc les innombrables 4x4 rutilants aux armes des ONG qui ne sillonnent que les artères goudronnées des capitales ? si non à faire la noria avec les enfants de leurs responsables devant les meilleures écoles, et tous se retrouvent le soir garés devant les meilleurs restaurants.

A quoi servent les incessants voyages des responsables de ces ONG, ne connaissant que les sièges de 1ère classe des compagnies aériennes, accueillis comme des potentats dans les salons VIP des aéroports, court-circuitant tous les contrôles à l'arrivée comme au départ, escortés par des convois de 4x4 et de police vers les palaces ou ils sont les seuls occupants des suites présidentielles ?

A quoi servent les colloques, conférences, congrès, réunions qu'ils viennent animer dans ces meilleurs palaces puisque toutes les places disponibles sont réservées aux seuls notables ?

J'ai été personnellement confronté à un symposium tenu dans un palace d'une capitale économique africaine.
L'hôtel et ses abords étaient envahis par une foule énorme, pour une fois composée de jeunes et de gens de la rue, pour moi, il ne pouvait s'agir que d'une réunion consacrée au Sida.
Seule l'intervention musclée de la police a permis aux animateurs de rejoindre la salle.
Quelle n'a pas été ma surprise de constater le lendemain en lisant les affiches qu'il s'agissait d'une simple réunion d'information sur ...Le Viagra, dispensée par le groupe Pfizer et que les centaines de participants qui n'ont pas pu s'entasser dans la salle ont attendus une partie de la nuit une hypothétique distribution d'échantillons...
Quel drame...
Nous ne pouvons plus continuer de mentir effrontément aux contribuables des pays soit disant riches...
Il faudra bien couper un jour le flot interrompu de cette perfusion. Mais que dire alors devant un tel échec ?
Et s'il fallait rendre des comptes, combien de têtes tomberaient ?

Oui, il faut enfin ouvrir les yeux et cesser de rêver, ce n'est pas cette perfusion permanente qui sauvera l'Afrique du Sida, des MST, des maladies opportunistes et de la malaria, mais la prise de conscience par chaque individu de sa responsabilité personnelle face à la pandémie.

La réussite ne peut passer que par le changement radical de mentalité de chaque individu.
Ce changement radical nécessite une vraie stratégie de communication qui choque, qui émeuve et qui marque définitivement l'esprit des jeunes.
Les moyens sont disponibles arrêtons de les dilapider avant qu'ils ne disparaissent définitivement par lassitude et découragement des contribuables.

Un observateur attentif et averti qui refuse l'échec et croit en ce continent.

Michel Bournaud
bournaud.michel@free.fr

Paru in : e-med@healthnet.org le Mercredi 2 Juillet 2008

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AFRIQUE EN SANTÉ