SANTE-AFRIQUE DE L'OUEST :
Une structure de coordination pour mieux lutter contre le SIDA
Brahima Ouédraogo
http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=4076
OUAGADOUGOU, 22 mai (IPS) - Une étude réalisée par le Programme conjoint des
Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) au cours du premier trimestre de
cette année, a révélé que les pays de l'Afrique de l'ouest présentent des
disparités au niveau de la coordination et de la gouvernance dans la lutte
contre le SIDA.
En réponse à cette insuffisance, les huit pays membres de l'Union économique
et monétaire ouest-africaine (UEMOA) plus la Mauritanie ont mis en place un
cadre de concertation sous-régional de leurs structures nationales de lutte
contre le SIDA. Cette structure de coordination devrait leur permettre de
corriger ces déséquilibres à travers des échanges d'expériences.
La structure dénommée "Coordination sous-régionale des secrétaires
permanents --secrétaires exécutifs ou équivalents -- des structures
nationales de lutte contre le VIH/SIDA de la zone UEMOA et de la
Mauritanie", vise à permettre une meilleure coordination et harmonisation
des activités ainsi que l'ancrage de la gouvernance et du leadership dans la
réponse au VIH/SIDA dans les pays de l'UEMOA et dans la région.
Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a été chargé par les
responsables des structures nationales de lutte contre le SIDA de plaider
auprès de ses pairs pour atteindre les objectifs visés à travers
l'assistance technique et financière, le renforcement des capacités et la
valorisation de l'expertise régionale.
"Ma mission est de sensibiliser mes pairs afin que nous prenions une part
plus active dans cette lutte car le futur de nos pays, c'est la possibilité
pour nous d'obtenir une meilleure qualité supérieure en ressources humaines.
Or la ressource humaine, c'est avant tout la santé des enfants, des hommes,
des femmes", explique Compaoré également président du Conseil national de
lutte contre le SIDA et les infections sexuellement transmissibles
(CNLS/IST) au Burkina.
La mise en place d'un dispositif d'appui technique à l'Afrique de l'ouest et
du centre, soutenue par l'ONUSIDA facilitera le renforcement des capacités,
selon les conclusions d'une rencontre des responsables des structures
nationales de lutte contre le SIDA, réunis au milieu de ce mois à
Ouagadougou, au Burkina Faso, mais dont les conclusions ont été rendues
publiques la semaine dernière.
Selon le président Compaoré qui s'exprimait devant des journalistes après sa
désignation, la pandémie ne peut être vaincue en organisant la lutte sur un
espace national parce que, dit-il, "chaque jour, il y a trois millions de
personnes qui se déplacent dans notre espace ouest-africain; donc il nous
faut progressivement ouvrir nos stratégies en direction de tout cet espace".
L'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID),
l'UEMOA, l'ONUSIDA et les autres agences des Nations Unies ont promis de
soutenir le processus d'installation de ce cadre de concertation, indique le
communiqué final de la réunion.
La rencontre de Ouagadougou a également relevé un manque de coordination
entre certains ministères et d'autres programmes ou stratégies nationales
chargés de lutter ensemble contre la pandémie.
"Ce cadre nous permettra d'échanger, entre nous, nos bonnes expériences, de
mettre nos problèmes ensemble, défis ensemble pour conduire la lutte",
estime Malik Sène, secrétaire exécutif du Haut conseil de lutte contre le
SIDA du Mali. " Nous allons nous réunir régulièrement pour faire le point
sur l'évolution de la maladie et ce cadre de concertation va nous permettre
d'avoir une meilleure réponse à la lutte contre le VIH/SIDA".
Selon Michel Sidibé, directeur du département appui aux régions et pays au
bureau de l'ONUSIDA à Genève, le leadership et la meilleure gouvernance au
sein des structures nationales devraient permettre l'application des
principes du "Three ones" qui préconisent l'existence d'un seul cadre
stratégique de lutte contre le SIDA : un seul système dévaluation et une
seule instance de coordination pour mieux lutter contre la pandémie.
"C'est l'opportunité pour créer vraiment une structure nationale qui puisse
coordonner, gérer la réponse; donc pour, nous c'est la seule manière de
réduire les coûts, de faire en sorte que les programmes nationaux soient le
cadre de référence des investissements des donateurs", explique Sidibé à
IPS.
Pour lui, le "Three ones" permettra d'éviter la duplication au niveau des
partenaires en terme de suivi. Les principes du "Three ones" ont été
identifiés à Nairobi, au Kenya en 2003, lors de la conférence internationale
sur le SIDA et les IST en Afrique comme étant les principes clés pour la
coordination et de la réponse au VIH/SIDA au plan national.
"Lorsque nous serons mieux organisés, mieux structurés..., je crois que ça
va nous permettre d'aller à un accès universel qui est demandé sur le plan
international. Ce ne sont pas les moyens qui vont manquer, mais surtout
notre capacité à nous organiser, à gérer cela", affirme Sène à IPS.
Sidibé regrette le fait que dans les pays développés aujourd'hui, il n'y ait
pratiquement plus de décès dus au SIDA, alors que l'on continue d'avoir 1,7
million de décès par an en Afrique subsaharienne.
Selon les estimations de l'ONUSIDA en 2007, la séroprévalence du VIH/SIDA
dans la sous-région ouest-africaine varie entre 4,7 pour cent en Côte
d'Ivoire et 0,7 pour cent au Niger.
En matière d'harmonisation, le cadre de concertation devrait permettre des
achats groupés des anti-rétroviraux -- qui assurent une longue vie aux
malades du SIDA --, leur production, et faciliter l'acquisition des formes
pédiatriques des médicaments, selon les experts. Ce cadre servira également
à faire un plaidoyer auprès des partenaires pour l'allègement des procédures
de décaissement des fonds.
"Le VIH/SIDA n'a pas de frontière et c'est ensemble que nous pouvons lutter
efficacement contre le VIH/SIDA dans la sous-région", souligne Marcellin
Ayé, conseiller technique chargé de la coordination au ministère de la Lutte
contre le SIDA en Côte d'Ivoire où le taux d'infection est passé de 7,1 pour
cent au début des années 1990 à 4,7 pour cent en 2007.
"Nous sommes dans une phase de stagnation, de baisse en Côte d'Ivoire, et
avec ce cadre de concertation, nous allons mettre en place une nouvelle
stratégie qui sera capable de rendre plus efficace ce qui a été fait
jusque-là", dit-il à IPS. (FIN/2008)
Source : healthnet.org
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